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Un autre écran

18 juin 2008

Cinéma, adolescence et homosexualité.

Même si François Truffaut dénonçait régulièrement le travail de Jean Delannoy dans les Cahiers du cinéma, les cinéastes de la Nouvelle Vague ne se sont pas intéressés à la représentation de l’homosexualité. Paradoxalement, le premier film français qui traite explicitement de l’homosexualité est réalisé par un cinéaste catholique qui adapte ici un roman de Roger Peyrefitte…

-         Les amitiés particulières.      

Jean Delannoy, 1964, France.

29 février et 7 mars 2008 à l’Egide, Maison régionale des associations L.G.B.T.

L’amitié particulière entre Georges, jeune aristocrate ambitieux, et Alexandre, bel étudiant en cinquième année dans un collège de Pères.

La guerre d’Algérie reste hors champ dans l’œuvre de Téchiné, mais elle amène le cinéaste à questionner les rapports entre la vie intime et la politique. Tourné dans le sud ouest, Les roseaux sauvages suggèrent les interdépendances entre les personnages et la Nature, comme l’avait fait Jean Renoir dans Une partie de campagne en 1936.

-         Les roseaux sauvages.

André Téchiné, 1994,  France.

    30 mai 2008 à la Maison des Associations de Lille.

En 1962, en pleine guerre d’Algérie, alors que les attentats de l’O.A.S. se multiplient, l’intrusion d’un garçon pied-noir exilé va bouleverser la vie paisible de l’internat où il est accueilli.

Le cinéma anglais, très régulièrement, a été celui qui pose les questions en devenir de l’homosexualité au cinéma. Dans les années 60, La Victime, dans lequel Dirk Bogarde joue le rôle d’un avocat qui se bat pour ses droits, révèle un cinéma militant. Dans la décennie suivante, le cinéma anglais pose la question de la bisexualité avec Un Dimanche Pas Comme les Autres de John Schlesinger ; dans les années 80, la question du couple gay avec My Beautiful Laundrette ; enfin dans les années celle des adolescents et de l’homosexualité dans Beautiful Thing.

-   Beautiful thing.

Hettie MacDonald, 1996, Grande-Bretagne.

2 juin 2008, Le Fresnoy, Tourcoing.

   L’histoire de deux garçons de seize ans dans une banlieue sud de Londres qui tombent       

   amoureux l’un de l’autre.

Au-delà de leur impertinence, les premières réalisations de François Ozon au sortir de la Femis posent les jalons des thématiques qui parcourent une filmographie déjà brillante : la déconstruction de la famille, le désir et la mort, la nature oppressive de l’amour. L’homosexualité n’y est déjà qu’un élément de la situation orientant le scénario ou un personnage.

- Regarde la mer – Une robe d’été … et autres courts.

  François Ozon, Courts-métrages, 1995 à 1997, France.

   27 juin 2008, à la MDA de Lille.

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11 juin 2008

Entretiens avec Ozon

ACTION VÉRITÉ (1994)
C'est le premier film que j'ai réalisé en sortant de la Femis. Après ces 3 années de travail dans un cadre rigide, j'avais envie de faire un film tout simple, en un week end, avec des acteurs non professionnels et en équipe réduite.
Pour le casting, j'ai d'abord trouvé les garçons. Puis ils m'ont présenté des filles qui leur plaisaient. Nous avons fait des essais qui ont été concluants et le tournage a permis qu'ils sortent ensemble!
On a beaucoup répété, ce qui a permis d'accentuer la complicité des adolescents, mais les baisers étaient mimés aux répétitions, permettant ainsi l'éclosion d'une vraie émotion au tournage. Ils avaient tellement bien intégré le texte et leur rôle que je n'ai pas eu besoin de les diriger au moment de tourner. Placés en cercle fermé, ils ont très vite oublié la présence de la caméra. C'est ce qui donne son aspect documentaire au film

LA PETITE MORT (1995)
Je n'aime pas beaucoup ce film parce qu'il me semble trop scénarisé et trop bouclé. Le passage du scénario au film n'a pas apporté grand chose. L'envolée qui s'est produite plus tard sur le tournage d'Une robe d'été n'a pas eu lieu sur ce film. J'avais repris ici des éléments en germe dans Victor, mais je les ai traités sans distance ni ironie, de manière très frontale, et peut-être maladroite. Avec le temps, la volonté de sincérité et de mise à nu du film me parait un peu obscène. Il y a certainement des choses de moi que je n'ai pas forcément envie de voir.
Je m'en veux d'avoir fait une erreur de casting concernant le personnage de l'amant. Je voulais jouer sur un physique stéréotypé tout en le rendant humain, avec un apport de joie de vivre et d'humour. Mais le cliché a été plus fort. C'est devenu un personnage qui ne vit pas et ne change pas à l'écran, alors que le scénario le faisait évoluer de l'ironie, de la distanciation à une attitude plus engagée, plus paternelle. Ce personnage devait apprendre à aller vers l'autre, à dépasser son narcissisme par amour. Alors que là, il apparaît avant tout comme préoccupé par ses muscles et sa coiffure. Un acteur plus vieux et moins beau aurait certainement mieux convenu pour ce rôle.
Les moments les plus réussis me semblent ceux dans le labo-photo. Les teintes rouges, le liquide, le torse nu du garçon et cette espèce d'accouchement de photos arrivent à capter l'intériorité du personnage.
J'aime d'ailleurs que ce soit par leurs actes plus que par leurs mots que mes personnages vivent à l'écran. Le personnage de la sœur de Paul était donc très différent de ceux que j'ai l'habitude de traiter, mais j'avais vraiment envie pour ce film, sur le manque de communication, de m'offrir un long monologue sur le fil du rasoir qui viendrait rompre avec les silences précédents.

REGARDE LA MER (1996)

Le point de départ: la maternité:
"Beaucoup d'amies de mon âge étaient enceintes et je sentais qu'elles vivaient un vrai dilemne, l'envie d'avoir un enfant et la peur de sacrifier leur carrière. Cette oscillation entre un désir de maternité pas complètement assumé et celui de s'épanouir dans le travail m'intéressait.
Souvent, ces maternités arrivaient d'ailleurs par accident et j'étais fasciné par le décalage qu'il y avait entre la modernité des revendications professionnelles de ces femmes et les discours régressifs qu'elles tenaient contre l'avortement.
D'autre part, j'avais remarqué que leur maternité les mettait dans une situation de responsabilité, et de sacrifices sans qu'il y ait forcément au départ la volonté de mettre fin à une vie plus libre et volage."

Les actrices:
"Lorsque la comédienne Sasha Hails est tombée enceinte, j'ai suivi de loin sa maternité et je me suis dit que c'était peut-être le moment d'aborder le sujet dans un film, d'autant plus que j'avais déjà tourné avec elle Une rose entre nous (mon court métrage de fin d'études à la Fémis). Ce projet lui permettait de concilier ses désirs de mère et d'actrice puisqu'elle ne se séparerait pas de son bébé.
En ce qui concerne Marina De Van, j'avais été très impressionné par son premier court métrage, Bien sous tous rapports. Sa personnalité, sa force, son talent de comédienne et de réalisatrice m'ont donné envie de la rencontrer et très vite je me suis rendu compte qu'elle correspondait physiquement au personnage. Elle était prête à se mettre en danger et à accepter de jouer un personnage qui ne serait pas toujours gratifiant.
Je sentais également qu'une alchimie intéressante pouvait naître de la rencontre de ces deux actrices, notamment du contraste détonnant de leurs physiques."

Le tournage:
"Pour bien suivre la progression des deux personnages, nous avons tourné dans la chronologie. J'étais un peu dans le flou et indécis sur certaines scènes. L'évidence s'installait petit à petit en fonction de ce que nous avions précédemment filmé.
Par ailleurs nous avons été aussi contraints de suivre le rythme du bébé et de respecter ses heures de sommeil. Mais sans subterfuge pour le faire crier: il hurlait naturellement, dès que sa mère le quittait!
Je ne voulais pas que Sasha connaisse l'histoire mais qu'elle reste vierge et découvre l'intrigue au jour le jour. Je lui avais juste dit qu'il s'agissait d'elle même et de son bébé sur une île.
Je crois que cette façon de tourner lui a permis d'être libre, et de jouer sans trop réfléchir."

Le point de vue:
"Le vrai problème de mise en scène était celui des points de vue: "Quand faut-il quitter celui de Sasha pour adopter celui de Tatiana?"
J'ai finalement préfére que le film fonctionne presque entièrement sur le point de vue de Sasha, contaminé par des brives de celui de Tatiana. J'ai tourné les scènes du point de vue de Tatiana (dans le supermarché, au cimetierre...) sans savoir vraiment à quel moment j'allais les mettre dans le film, je n'ai trouvé leur place qu'au montage. Ce sont elles qui imprègnent de danger les séquences réalistes et quotidiennes sur Sasha."

L'angoisse, le suspens et l'horreur:
"Je tenais à montrer des blocs de temps sans donner d'explications, ni de justifications psychologiques mais juste des sensations, des impressions et des signes que le spectateur pouvait prendre ou rejeter.
Il y a beaucoup de temps morts dans le film. Je filme les trajets dans leur vraie durée alors qu'ils sont en général ellipsés. Je voulais que le spectateur ait le temps de se poser des questions et que ce soit source d'angoisse et de suspense.
Les trous dans la narration provoquent une frustration chez le spectateur et en même temps l'obligation d'imaginer ce qui s'est passé entre deux séquences. Et si le film provoques des réactions violentes, c'est parce que les gens projettent des choses horribles. Certains spectateurs sont par exemple persuadés d'avoir vu le cadavre du bébé dans la tente à la fin... Ce qui m'amuse, c'est que les spectateurs imaginenet des choses encore plus monstrueuses que celles que je leur montre..."

UNE ROBE D'ÉTÉ (1997)
Selon Rivette, chaque film peut être vu comme un documentaire du tournage. Ce film en est un parfait démenti. Ce fut le pire tournage de ma vie. Le temps était exécrable, l'un des comédiens était très angoissé et avait l'impression de faire un film porno, il y avait des problèmes de production et des soucis techniques nous ont obligés à refaire des scènes.
Pourtant, c'est la première fois que le résultat est aussi proche de mes intentions de narration et de sensations. C'est un film, comme je le souhaitais, joyeux et coloré sur la période de l'été, qui met en scène l'ambivalence sexuelle de l'adolescence, sans culpabilité. Débarrassé de la Loi, du Père et des adultes, ce film a été fait contre La petite mort. Mais aussi grâce à elle: j'avais besoin de passer par un film entièrement fondé sur la transgression et la culpabilité pour faire ce film de libération.
J'ai l'impression d'avoir ici complètement réussi le personnage féminin, qui, grâce à la fraîcheur et à la générosité de Lucia Sanchez, arrive à exister en quelques scènes seulement
.

11 juin 2008

Soirée Ozon

                                        

Le vendredi 27 juin, à 20 heures, l’association Un Autre Ecran vous invite à une soirée débat sur la question du genre dans le cinéma de François Ozon à partir de la projection d’une sélection de ses premiers courts-métrages : Action vérité (1994), La Petite Mort (1995), Regarde la Mer (1996), Une Robe d’été (1996). Cette rencontre aura lieu à la Maison des Associations de Lille, 72/74 rue Royale, dans le Vieux-Lille. Entrée libre.

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